On peut traiter des techniques picturales, des aspects biographiques d'un peintre ou de l'histoire d'une image... On peut faire tout cela en effet... 

 Mais un peintre peut-il "dire" ce qu'il "raconte", ou raconter ce qu'il a à dire de l'exercice de sa peinture? J'ai toujours à cet égard le plus grand doute. "Parler de sa peinture"... Cela revient à discourir sur le langage. Syntaxe sur la syntaxe, mots sur les mots, signes sur des signes sans significations précises, juste un flou de sens donné par la superposition de langages évasifs, juste une insignifiance de plus... Car la peinture est bien un relais langagier. Les mots laissent toujours une frustration de sens que le peintre tente de combler par ses représentations métaphoriques, intimes et singulières. 

Même si une théorisation sur les formes, les supports ou les couleurs peut remplir de longs chapitres spéculatifs, un énoncé explicite me paraît toujours impossible. Car enfin, depuis que l'humanité s'est définie par la trace de sa main sur la roche des cavernes, depuis qu'elle s'est proposée comme la seule espèce rivée à la conscience de sa mort, elle s'est aussi révélée à travers cette tentative de verbe. 

Le peintre reproduit ce geste inaugural. Celui d'une trace signifiante. Il laisse sa trace de lui un peu par vanité, un peu par désespoir, un peu par dérision... Par humanité.  C'est tout.

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